« Manger des produits locaux, c’est très tendance ». Ainsi rĂ©pondait un grand quotidien rĂ©gional dans son Ă©dition des 29-30 novembre. De quoi est la tendance ? « Les consommateurs ont besoin de retrouver un lien avec ce qu’ils mangent … avec le producteur, mais aussi avec la campagne. » Cet article saisissait son prĂ©texte dans la parution de « Les circuits courts alimentaires, bien manger dans les territoires ».

L’auteur de ce livre, Gilles MarĂ©chal, de la FRCIVAM Bretagne, animait le 20 novembre dernier un dĂ©bat aux Champs Libres, dont le sujet Ă©tait « Pourquoi manger local ? ». Ce dĂ©bat Ă©tait le premier d’une sĂ©rie sur les enjeux de l’agriculture et de l’agroalimentaire aujourd’hui, sur laquelle je reviendrai. Au cours de ce premier dĂ©bat, des questions ont Ă©tĂ© posĂ©es et de rĂ©flexions Ă©mises. Si ces enjeux et la question qui les surmonte, « Qu’est-ce qu’on mange », ont quelque intĂ©rĂŞt, je propose la discussion de quelques unes de ces questions et rĂ©flexions.

Une question est qu’est-ce qu’un aliment local ? OĂą commence le local et jusqu’oĂą peut-on l’étendre ? La rĂ©ponse commence sans doute dans le potager de ceux qui en cultivent un. Mais au cours du dĂ©bat, la question de savoir si la Holstein, d’origine hollandaise et « amĂ©liorĂ©e » par des taureaux nord-amĂ©ricains est une race locale a Ă©tĂ© posĂ©e. La question de la question est ici de savoir s’il possible, ici, de consommer des produits laitiers locaux.

Une autre question fut de savoir si, avec l’agriculture biologique, on aurait tous les produits qu’on trouve en grandes surfaces. La question peut paraître incongrue ou naïve, mais elle indique bien quels changements d’habitudes, de mode de vie, peut entraîner un changement de pratiques alimentaires.

Pour éclairer une discussion, quelques banalités de base ne sont peut-être pas inutiles. La moitié de la population mondiale — 90% selon Gilles Maréchal qui me paraît avoir oublié sur l’instant que la moitié de cette population vit dans des villes — mange local. D’autre part, ne pas manger local met en branle une mégamachine faite d’usines, d’autoroutes, de ports, d’aérodromes, de moyens de transport, de pétrole et de gaz à effet de serre.

Mais le transport ne reprĂ©sente que 15% du bilan Ă©nergĂ©tique du manger dĂ©localisĂ©. Le reste est du Ă  sa production et aux intrants qui lui sont nĂ©cessaires. Dernière banalitĂ©, profĂ©rĂ©e par la FAO, l’organe des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture : L’agriculture biologique peut nourrir la population mondiale. Dernier point ; Notre commune dispose d’un potentiel d’approvisionnement en produits locaux.

Je reviens au cycle « Qu’est-ce qu’on mange ». Le prochain dĂ©bat aura lieu le 21 janvier avec pour sujet « Que veut dire : ĂŞtre paysan ou agriculteur aujourd’hui ? ». Ne serait-il pas regrettable que seul un Gahardais ni paysan ni agriculteur y participe ? Un paysan ou un agriculteur gahardais, et mĂŞme les deux, y seront les bienvenus.