mercredi 3 décembre 2008
Pourquoi manger local ?
Par Jean-Denis Gauthier, mercredi 3 dĂ©cembre 2008 à 22:08 :: Pourquoi manger local ?
« Manger des produits locaux, c’est très tendance ». Ainsi répondait un grand quotidien régional dans son édition des 29-30 novembre. De quoi est la tendance ? « Les consommateurs ont besoin de retrouver un lien avec ce qu’ils mangent … avec le producteur, mais aussi avec la campagne. » Cet article saisissait son prétexte dans la parution de « Les circuits courts alimentaires, bien manger dans les territoires ».
L’auteur de ce livre, Gilles Maréchal, de la FRCIVAM Bretagne, animait le 20 novembre dernier un débat aux Champs Libres, dont le sujet était « Pourquoi manger local ? ». Ce débat était le premier d’une série sur les enjeux de l’agriculture et de l’agroalimentaire aujourd’hui, sur laquelle je reviendrai. Au cours de ce premier débat, des questions ont été posées et de réflexions émises. Si ces enjeux et la question qui les surmonte, « Qu’est-ce qu’on mange », ont quelque intérêt, je propose la discussion de quelques unes de ces questions et réflexions.
Une question est qu’est-ce qu’un aliment local ? Où commence le local et jusqu’où peut-on l’étendre ? La réponse commence sans doute dans le potager de ceux qui en cultivent un. Mais au cours du débat, la question de savoir si la Holstein, d’origine hollandaise et « améliorée » par des taureaux nord-américains est une race locale a été posée. La question de la question est ici de savoir s’il possible, ici, de consommer des produits laitiers locaux.
Une autre question fut de savoir si, avec l’agriculture biologique, on aurait tous les produits qu’on trouve en grandes surfaces. La question peut paraître incongrue ou naïve, mais elle indique bien quels changements d’habitudes, de mode de vie, peut entraîner un changement de pratiques alimentaires.
Pour éclairer une discussion, quelques banalités de base ne sont peut-être pas inutiles. La moitié de la population mondiale — 90% selon Gilles Maréchal qui me paraît avoir oublié sur l’instant que la moitié de cette population vit dans des villes — mange local. D’autre part, ne pas manger local met en branle une mégamachine faite d’usines, d’autoroutes, de ports, d’aérodromes, de moyens de transport, de pétrole et de gaz à effet de serre.
Mais le transport ne représente que 15% du bilan énergétique du manger délocalisé. Le reste est du à sa production et aux intrants qui lui sont nécessaires. Dernière banalité, proférée par la FAO, l’organe des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture : L’agriculture biologique peut nourrir la population mondiale. Dernier point ; Notre commune dispose d’un potentiel d’approvisionnement en produits locaux.
Je reviens au cycle « Qu’est-ce qu’on mange ». Le prochain débat aura lieu le 21 janvier avec pour sujet « Que veut dire : être paysan ou agriculteur aujourd’hui ? ». Ne serait-il pas regrettable que seul un Gahardais ni paysan ni agriculteur y participe ? Un paysan ou un agriculteur gahardais, et même les deux, y seront les bienvenus.